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22-03 / 18:00 - 22:00              OPENING

 

23-03 - 05-04  2014                OPEN WEDNESDAY TO SUNDAY

 

17:00-20:00                           THE WEEK

14:00-19:00                           THE WEEK-END

 

29-03 / 17:00 - 18:00               RED/Laboratoire Pédagogique - Causerie (cours modeste et chambre d'écoute) 

 

05-04 / 20:00 - 22:00               CLOSING AND CONCERT/ Monteisola & Transbluency   

PAF 3ont

 

OPENING EXHIBITION

LEA NOAGUES PERFORMANCE AT THE OPENING

RED LABORATOIRE PEDAGOGIQUE : CAUSERIE

 

 

Causerie # 3 Seven girls doing it : incises musicales

 

Une causerie est une participation enthousiaste à un accrochage. Face à nos cours modestes (des interventions sur des artistes très connus où la modestie est une réponse à ce statut) et à nos chambres d’écoute (une contextualisation de l’écoute musicale en lien avec un thème), la causerie est un dispositif hybride : une participation à une expo assortie de vrais échanges entre l’artiste (les artistes) et nous.

 

RedLaboratoires Pédagogiques / Axel Pleeck et Sébastien Marandon / Chambre d'écoute du 29 mars 2014

 

 

COURS MODESTE

CONCERTS 

MONTEISOLA

TRANSBLUENCY

CHAMBRE D'ECOUTE

 

DUO MONTEISOLA & TRANSBLUENCY

EXHIBITION VIEW

Les 8 morceaux rassemblés aujourd’hui sont là comme un contrepoint à nos thèses sur les artistes. Notre volonté a été de trouver pour chacune une plage musicale qui puisse se faire l’écho de sa démarche.

 

 

1/Jean-Philippe Rameau Le Temple de la Gloire : Air tendre pour les Muses (Deutsche Grammophon)

 

Pour Charlotte

 

Interprété par Les Musiciens du Louvre (sur d’authentiques instruments) et dirigé par Marc Minkowski, cette tendre mélodie est extraite d’Une Symphonie Imaginaire et je la dédie à Charlotte, curatrice de cette exposition, dont l’enthousiasme a été le premier moteur pour notre collaboration sur ce projet. Si le propos de l’exposition s’est écarté des Muses, il n’en reste pas moins comme une toile de fond.

 

J’apprécie tout particulièrement le mot « tendre » : je pense que Charlotte a su faire montre de tendresse envers ces 7 jeunes femmes. Elle-même fait partie de ce socle sur lequel un fond de créativité est déposé et ne demande qu’à éclore.

 

 

2/Les Momies De Palerme Brûlez ce cœur (Constellation)

 

Pour Capucine

 

Voici un groupe découvert récemment sur Soundcloud et acheté spécialement pour cette causerie. Les Momies de Palerme sont la délicate combinaison des forces de Xarah Dion et Marie Davidson. Nous avons écouté des morceaux de ce disque plusieurs fois avant de « passer à l’acte » ; ici l’achat pur et simple de ce CD sur le shop du label Constellation. Il fallait ensuite lui trouver une correspondance, une corrélation avec une de nos Seven Girls : j’ai opté pour Capucine car sa démarche me semble bien correspondre à celle de ces jeunes femmes originaires du Canada. Les Momies de Palerme oscillent entre une grande profondeur et une esthétique issue du DIY (Do It Yourself). Elles ont commencé leur carrière en 2006 par de multiples collaborations avec la scène indépendante de leur pays.

 

Le label Constellation raconte en détails sur son portail Soundcloud leur rencontre : Xarah était une cliente enthousiaste de leur webshop. Elle leur écrivait des lettres où transparaissaient « son sens du déplacement et de la ré-orientation » comme si la musique était une sorte de voyage à la recherche de repères.

 

Après un premier album auto-produit et auto-diffusé L’Amour Sincère, elles sortent Brûlez ce Cœur sur le label Constellation.

 

Je retrouve dans l’écoute de ce CD un climat, à mon sens, propice à l’introspection. Dans sa petite cellule au sein de la congrégation, je vois Capucine et ses pinceaux.

 

 

3/The Fall Bad News Girl (Beggars Banquet)

 

Pour Elise

 

Cette chanson du grand groupe mancunien est issue d’un album culte : I am kurious oranj . Cet album accompagnait un spectacle de danse de la compagnie Michael Clark. C’était la première fois qu’un groupe de rock était sur scène avec une troupe de danse et l’ensemble des représentations était complet.

 

Ce qui m’intéresse, c’est le titre de la chanson Bad News Girl et, surtout les deux parties qui semblent composer ce morceau : ça commence par une complainte et ça enchaîne avec une sorte de rock endiablé…

 

Qui serait notre Bad News Girl ? Moi, perso, je pensais à Elise. Elle fausse les pistes et mêle habilement la figure humaine et le mobilier urbain. Elle a un côté brut et sauvage. « An edge » diraient les Anglais.

 

The Fall emprunte son nom à Camus et publie depuis plus de trente ans des albums dans une plus ou moins grande clandestinité. Les titres et les paroles de Mark E. Smith sont légendaires et son humour british le dispute sans arrêt avec la critique sociale.

 

Si Elise est notre Bad News Girl, c’est aussi pour son côté sans concession. Elle est déterminée et semble savoir exactement où elle va, où elle veut aller.

 

 

4/Marianne faithfull The Boulevard of Broken Dreams (Island)

 

Pour Barbara

 

La muse par excellence ! Celle qui est passée du fanatisme à la théurgie, du culte à la célébration. J’entends par là qu’elle a été muse avant de devenir une grande créatrice elle-même. Nous allons distinguer la muse créative de la muse créatrice. La première participe d’un processus de création mais sans le nourrir elle-même tandis que la seconde est elle-même une sorte de foyer de créativité.

 

Barbara synthétise, à mon sens, l’ensemble des tensions et des processus créateurs à l’œuvre dans cette exposition. Comme Mariane Faithfull, elle traverse les différents mediums et mélange les codes. Comme elle, elle joue sur le fil de la fragilité.

 

 

5/Les Valentins Nos mères (Barclay)    

 

Pour Mahé

 

Les Valentins, c’est le groupe de la délicieuse guitariste d’Etienne Daho. On connait la sexualité tourmentée du crooner rennais mais on pense moins à sa muse : Edith Fambuena qui brouillait aussi les pistes et était toujours là où on ne l’attendait. Et toujours, elle parvenait à nous perdre. De tous ces cheminements, il nous reste ce magnifique album Juke Box dont j’extrais Nos Mères : une ode aux femmes fragiles, aux femmes floues, aux femmes qui gomment délicatement la ligne entre la muse et la chieuse, entre le fard et la paupière.

 

Je retrouve chez Mahé ce souci de travestir les codes de la féminité. La femme, sommée de choisir entre le domestique et l’artistique, décide dans un geste autopoïetique de les transfigurer tous les deux. Rien de ce que l’on voit dans l’installation de Mahé n’est clair : la disposition et les objets lorgnent vers le domestique mais, à se rapprocher de plus près, on est re-dirigé vers le registre artistique. Les matériaux ne s’épuisent pas dans leurs formes, mais, par l’intermédiaire de leurs matières, nous transportent ailleurs.

 

 

6/Rilo Kiley It’s a hit (Beaute/Brute Records)

 

Pour Olivia

 

Il y a dans ce morceau de Rilo Kiley l’idée très présente chez Olivia que “tout le monde peut le faire”. Chaque homme est un artiste disait Joseph Beuys mais, à bien écouter les paroles aigres-douces de Rilo Kiley, on se rend compte que ce n’est pas aussi facile que ça.

 

L’utopie du « tous créateurs » doit être nuancée : l’aiguillon de cette créativité, c’est l’enthousiasme. Si tout le monde peut le faire, cela ne veut pas dire que tout le monde y parvient.

 

L’installation d’Olivia, cette parodie du white cube, est très riche de deux approches très proches du Maître Ignorant : je le fais avec mes moyens en appliquant les consignes et puis, dans le discours, je rends compte de ma démarche, de mes limites. Je statue sur les éventuels problèmes rencontrés.

 

Olivia a donc répondu à ma lettre. A la question de l’enjeu de son travail, elle semble aller dans cette direction (je la cite) : « l’enjeu est ce que l’on risque dans le jeu ». Il y a une notion qui ressort de son travai et de la chanson de Rilo Kiley : le risque. Le risque de le faire, le risque de ne pas le faire.

 

 

7/Zena Parkins & Ikue Mori Jezebel (Mego)

 

Pour Lea

 

Pour Lea, j’ai choisi un morceau plus compliqué, plus cérébral, plus expérimental. La démarche de Lea illustre quant à elle une tension entre sa pratique artistique et ce qu’on appellera le Logos : en s’appuyant sur le mythe originel qui veut que les tuiles étaient moulées sur les jambes des femmes, elle rejoue la réalité mais en la transfigurant. Un nouveau sens est attribué à ce logos fondateur. Elle le rejoue et du coup pare la légende d’un vernis de vérité. Le mot grec Logos signifie discours mais aussi raison. Elle assigne à la légende le rôle de la vérité en train de se faire.

 

Ce morceau se nomme Jezebel. C’est le nom d’une reine d’Israël dont l’histoire est racontée dans le Livre des Rois. Il lui est reproché de détourner son mari, le roi Achab, du vrai Dieu et d’adorer son dieu Baal (source Wikipedia). Rien à voir avec Lea qui ne cherche pas à nous égarer. C’est la démarche qui est semblable !

 

 

8/Lana del Rey This is what makes us girls (Polydor)

 

Pour Eva

 

S’il y a bien une autre « girl doing it », c’est Lana del Rey. Nous connaissons son visage gentiment botoxé. Videogames a été un hit mondial. Derrière le glamour affiché, il y a la jeune femme tourmentée et (in)vulnérable. Les paroles (qu’elle signe elle-même) sont noires à souhait et trahissent, chaque fois, le sentiment que tout ne va pas bien au royaume des Muses. « Une fille qui le fait » sait quelque part qu’elle joue avec le feu.

 

Je rapproche cette chanson du travail d’Eva car il y a, à mon sens, un parallèle entre cette chanteuse qui joue le rôle que lui assigne l’industrie du disque : elle fait des hits et remplit des salles de concert mais sur un mode mineur, avec des paroles très sombres et des images à la fois très proches et très loin des stéréotypes. Eva joue avec son corps dans une mise en scène qui oscille entre acceptation et refus. Il y a l’acceptation que l’on retrouve dans les photos où elle laisse apparaître un sein, symbole ambivalent de la féminité (mère et pin-up) et le refus, constamment présent dans les vapeurs des clichés. On ne va pas faire semblant, on se cherche et ça se voit … mais c’est ça qui est intéressant. 

 

 

RedLaboratoires Pédagogiques / Axel Pleeck et Sébastien Marandon / Chambre d'écoute du 29 mars 2014

 

 

 

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